Un état des lieux ou la mémoire des parallèles par Bruno Rosier
Bruno Rosier est un farceur, un pince-sans-rire. Il s’amuse à créer de toute pièce des œuvres d’art sous différents pseudonymes.
En 1992 il fait l’acquisition d’un album photo, trouvé aux puces. Cet ensemble de 25 images en noir et blanc représente un homme, posant devant des sites célèbres du monde entier. Bruno Rosier, a l’idée saugrenue de partir à la recherche de ces sites et de se prendre en photo lui-même, au même endroit avec la même pose. Les photos de l’album sont datées de 1937 à 1953. Bruno Rosier est né en 1956 il n’a aucun lien de parenté avec cet inconnu, il ne connaît de lui que ses initiales R.T. Il y a une certaine ressemblance entre l’inconnu et Bruno Rosier, ce qui le pousse à engager ce parcours personnel et artistique. Au départ de cette aventure il va financer ses voyages par ses propres moyens, puis la DRAC Rhône-Alpes et la Maison Européenne de la Photographie vont rendre possible l’aboutissement de ce projet. Il y a là tous les ingrédients d’un roman de Paul Auster sur la recherche d’identité d’un être humain, sur la mémoire des lieux. Il y a aussi l’état d’esprit de Sophie Calle qui aime fouiller dans les affaires des autres en se faisant engager, par exemple, comme femme de ménage dans un hôtel, afin de photographier le contenu des valises des clients. Bruno Rosier s’est forcement posé la question de l’identité de cet homme, de sa vie affective, de sa vie professionnelle.
Qui a pu prendre ces photos ? S’agit-il d’un déclencheur automatique, d’un domestique, de sa compagne, d’un ami ? Autant de questions qui peuvent rendre passionnant l’exercice d’imagination. Ce travail photographique est aussi celui de l’autoportrait, il se pratique habituellement sans autre référence que soi, vu dans un miroir. Ici ce n’est plus l’auteur de la photo qui choisit sa mise en scène, mais un autre, un inconnu, qui le pousse à se mettre dans des situations identiques. Des pyramides d’Égypte aux ruines d’Athènes, en passant par les chutes du Niagara et le pont de Brooklyn, on remarque que les icônes touristiques n’ont pas beaucoup changé. Plus de 50 années se sont écoulées mais le monde des cartes postales semble immuable et intemporel.
En y réfléchissant bien, on se demande si Bruno Rosier existe réellement. Ne s’agit-il pas d’un gigantesque photo montage ? II faut croire que non car, dans la salle d’exposition, il y avait le jour du vernissage un homme qui ressemblait à celui exposé sur les murs de la Mep et il dédicaçait le livre de Bruno Rosier qui a servi de base à cette exposition.
Cette exposition est programmée dans le cadre du mois de la photo 2004
Les sites photographiés :
– Algérie :Timgad
– Argentine : Chutes d’Iguaçu
– Athènes : le Parthénon
– Brésil : Baie de Rio
– Brésil : Pain de Sucre
– Canada : Chutes du Niagara
– Egypte : Gizeh
– Egypte : Thèbes
– Etats Unis : New York
– Etats-Unis : Californie
– Haïti : Port-au-Prince
– Islande : Chutes de Gullfoss
– Lisbonne : le Castello Real
– Pérou : Arequipa
– Uruguay : Montevideo
Le livre
Bruno Rosier - Un état des lieux
Les presses du réel
21 x 21 cm, 88 pages, 50 photographies n&b
ISBN 2-914528-04-3
25 €
Informations pratiques
Du 3 novembre 2004 au 2 janvier 2005
Maison européenne de la photographie
5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
Ouvert tous les jours de 11 heures à 20 heures, sauf les lundis, mardis et jours fériés
Accès à la billetterie jusqu’à 19 heures 30
Métro : Saint Paul ou Pont Marie
Bus : 67, 69, 96 ou 76