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Un espagnol en trop par Cristbal Hara

Dans une entretien qu’il a accordé en juin 2003 au photographe Frank Horvat, Cristóbal Hara déclare "Mes photos doivent parler par elles-mêmes." Ce qui ne rend pas la tache facile à l’interviewer. Comme le fait remarquer Frank Horvat les photos De Cristóbal Hara ne ressemblent à celles d’aucun autre photographe.

Villar de Domingo Garcia
Cristóbal Hara

Cristóbal Hara utilise un langage qui lui est très personnel et se montre par ailleurs plutôt atypique dans sa façon de travailler : en effet, celui-ci confie ses photos à un labo destiné aux photographes amateurs puis il fait sa sélection et une ou deux fois par an, il se rend à Paris où il a découvert un tireur qui comprend le sens de son travail.

Ce livre sympathique et coloré ne nous dit rien de son auteur, la seule information délivrée étant que ces photos ont été réalisées en Espagne entre 1985 et 2002.

C’est un livre jubilatoire, l’histoire d’un petit village espagnol qui par moment s’endort profondément à l’heure de la sieste, les rues se faisant désertes, puis se réveille pour célébrer des événements très festifs. C’est alors que le village sort de sa torpeur postprandiale à l’occasion de fêtes religieuses mais aussi de fêtes païennes avec un évêque en pantoufles arborant sur son dos une broderie de sainte à la poitrine découverte. Il y a un christ de procession, le dos lacéré et sanguinolent avec en contrechamp une grue traversant le paysage. Il y a des faux enterrements avec de vrais cercueils et un faux clergé. Il y aussi des courses de chevaux dans la ville, un cheval mort sur la route. Il y a également un vrai accident de la route avec une voiture sur le toit et une conductrice affligée, assise à côté de la carcasse métallique de son véhicule. Il y a enfin la corrida avec tous ces toréadors qui n’ont pas l’air de se prendre au sérieux et puis ce taureau partant pour l’équarrissage dans un godet de pelleteuse, l’œil torve dans un ciel sombre. Des enfants jouent de la musique dans un paysage presque désertique, une petite fille assise sur un skateboard se fait traîner par un papy cul de jatte en fauteuil roulant !

Cristóbal Hara a créé un style personnel avec des couleurs contrastées montrant l’homme dans les étapes de la vie, de l’enfance à la vieillesse, avec ses joies et ses peines. C’est un décor à la Bunuel avec corbillards et chiens andalous qui traînent sans savoir d’où ils viennent. Il s’agit d’un univers plein de poésie enraciné dans une Espagne authentique, avec des gens qui rient ou qui s’engueulent, des gens qui se travestissent, qui ne se prennent pas au sérieux. Tous vivent dans un monde coloré, ensoleillé, burlesque et étonnant.

Biographie

Cristóbal Hara est né en 1946 à Madrid d’une mère d’origine allemande. Il a vécu aux Philippines, aux USA et en Allemagne. Il a étudié le droit et l’économie à Madrid, Hamburg et Munich avant de décider de devenir photographe en 1969.
Après quelques années passées à Londres et une exposition en 1974 au Victoria et Albert Museum, il s’est installé en Espagne en 1980 dans un petit village nommé Navalon non loin de Cuenca dans la région de la Mancha. Ces photos ont été publiées dans des magazines comme Creative Camera, Aperture and Du, ainsi que des journaux notamment El País. Jusqu’en 1985, il travaillait exclusivement en noir et blanc, depuis il n’utilise plus que la couleur. Cristóbal Hara a édité plusieurs livres de photographie.

Cristóbal Hara (Photographe)
Parution : 01/04/2004
18,5 X 24,5, 96 pages, 63 photos
ISBN : 3-88243-90
Prix : 24 euros