Un amour de Paris
Cette photographe est inconnue en France et pourtant, pendant cinquante ans, elle est venue régulièrement à Paris et a photographié notre capitale. En Angleterre Dorothy Bohm est connue pour les très nombreuses expositions qu’elle a pu réaliser mais également comme une des fondatrices de la première galerie de photo de Londres "The Photographers’Gallery" dont elle sera directrice associée jusqu’en 1986. Cet ouvrage est le douzième qui lui est consacré. Elle a notamment réalisé trois livres sur Londres. A quatre vingt ans, elle a décidé de donner 150 tirages au musée Carnavalet dont 92 tirages originaux noir et blanc et 64 épreuves numériques en couleur. Sans cette donation dédiée à Paris, nous n’aurions probablement pas eu l’occasion de découvrir cette femme talentueuse.
D’origine Lituanienne, elle naît en 1924 dans une famille juive aisée. Son père Tobias Israelit est un des premiers acheteurs du fameux Leica, sa grande tante Eva Silberman est critique d’art et photographe. Avec l’arrivée du nazisme, elle rejoint l’Angleterre en 1939, avec en poche l’appareil photo que son père lui a donné et va suivre des études de photographe. Elle ouvre son studio à Manchester en 1946 et découvre Paris en 1947. Elle tombe amoureuse de notre capitale et ne cessera d’y revenir et de la photographier.
Les activités professionnelles de son mari la poussent à le suivre dans de nombreux déplacements à l’étranger. Elle ne réside en fait qu’une année pleine à Paris entre 1954 et 1955. Elle travaille en noir et blanc jusqu’en 1980. A partir de cette année, Dorothy Bohm ne photographie plus qu’en couleur.
Le livre est donc composé de deux parties. Ses photos noir et blanc peuvent être rapprochées de celles des photographes humanistes avec des photos de rue qui présentent des enfants, des gens aux terrasses de café, les quais de Seine... Ses photos couleur portent sur un registre très différent, elles s’intéressent aux murs de Paris, aux reflets dans des vitrines, aux affiches décollées, lacérées, déchirées. Ses images recherchent des effets que l’on peut rencontrer dans la peinture abstraite, elles ne se décodent pas au premier coup d’œil, il faut les scruter, les observer, les déchiffrer.
Elle justifie ce choix irrémédiable en déclarant :
“J’ai constaté que la couleur requiert une autre sensibilité que le noir et blanc. Ce qui est réel, ce qui est imaginaire, irréel, se mélange plus harmonieusement dans la couleur. Je peux donner libre cours à ma fantaisie ; mes rêves prennent davantage leur essor ! Mon œil, plus alerte, repère l’éclatement des couleurs là même où quelque chose d’inattendu advient. Je suis fortement attirée par le côté émotionnel des couleurs. C’est un langage différent de celui du noir et blanc.”
Le livre est imprimé sur un papier mat ce qui donne de la douceur aux images noir et blanc tout en conservant un contraste bien équilibré, un fond blanc met en valeur la qualité des tirages. Les photos couleur sont en pleine page. Elles ont une tonalité très particulière avec des noirs profonds et des couleurs parfois saturées, cela tranche avec ce que l’on a l’habitude de voir et donne un résultat très personnel et chaleureux. Sujet éternel, Paris se révèle être un sujet toujours aussi riche, que les photographes revisitent en fonction de leur sensibilité.
Il faut également voir l’exposition au musée Carnavalet, elle se termine le 11 décembre 2005.
Paris Musées (Editeur)
Lynne Woolfson (Auteur)
Françoise Reynaud (Auteur)
Dorothy Bohm (Photographe)
Parution : septembre 2005
Relié 152 pages, 23 x 34 cm
ISBN : 2879008964
Prix : 34 euros