La dernière mine
En avril 2004 la dernière mine française fermait ses portes. Eric Bouvet a suivi le quotidien des derniers mineurs de la Houve (Lorraine) peu avant l’arrêt de l’exploitation de ce site. A 1000 mètres de profondeur le seul éclairage provient du rayon de lumière qui s’échappe de la lampe placée au-dessus du casque des mineurs. Pour réaliser ses photos en noir et blanc, Eric Bouvet n’a pas utilisé de sources supplémentaires d’éclairage. Aussi ce livre rassemble une série d’images à dominante noire, signe de la profondeur des galeries souterraines, de la couleur du charbon et de deuil pour ceux qui quittent le lieu de travail où ils ont passé une grande partie de leur vie.
Les photos sont présentées de façon chronologique : descente, travail au fond de la mine, remontée, douche. De temps à autre des petites phrases viennent témoigner de l’attachement de ces hommes à leur outil de travail : Un jour, la haveuse s’est couchée. On lui avait enlevé la vie, c’était fini. Nous avons tous éteint nos lampes et dans le noir nous avons pleuré, comme dans un cimetière.
Ce reportage témoigne de la fin d’un pan de l’industrie française qui avait inspiré à son origine notre littérature, tel le roman d’Emile Zola, Germinal , tant les hommes et les femmes qui y travaillaient étaient réduits à un état d’esclavage. Cet état avait été propice aux grandes révoltes ouvrières en réaction aux conditions de travail inhumaine. L’exploitation des mines continue en Pologne, en Argentine, au Mexique, en Indonésie et en Chine, dans des conditions que l’on imagine terribles pour ceux qui y travaillent. Avec ce reportage Eric Bouvet sort du registre des conflits armés. En se consacrant à un sujet qui n’est pas sous les feux de l’actualité, avec des images qui nécessitent un temps d’exposition plus important, il pose son regard plein d’admiration sur un métier qui, en France entre définitivement dans les musées.
Aurélie Filippetti, fille de mineur, préface ce livre émouvant. Elle met une réserve à la beauté du métier de mineur, que les très belles photos valorisent. Elle insiste sur sa dangerosité, les atteintes corporelles qu’il a engendré en diminuant l’espérance de vie des travailleurs. Elle évoque le cas de son père qui a du batailler seul pour faire reconnaître un cancer du poumon comme maladie professionnelle.
La Martinière (Editeur)
Aurélie Filippetti (Auteur)
Eric Bouvet (Photographe)
Parution : 08/04/2005
Format : 21 x 21 cm, 96 pages, 70 photos
ISBN : 2732432644
Prix : 30 euros