Huis Clos
Cette série de 28 photos est le rendu d’une commande du Ministère de la Culture réalisée au cours de l’année 2000, sur le thème de la jeunesse. Patrick Tourneboeuf pour l’occasion s’est installé dans le centre d’instruction naval de Querqueville (Manche) et a photographié patiemment, à la chambre le quotidien de jeunes engagés dans la marine nationale.
Ce type de travail est inhabituel dans la démanche qu’il mène depuis plus de 15 ans. En effet quand on regarde ses séries comme : Périphérique, Le temps suspendu, A la mémoire du jour J, Stèles, Cicatrices, La dépose du quadrige, Nulle part, on ne voit jamais de présence humaine sur ses photos. Sur le site internet de Tendance Floue, collectif dont Patrick Tourneboeuf est membre, on peut lire : Tourneboeuf photographie les hommes à travers ce qu’ils laissent derrière eux. Les espaces qu’ils investissent et parfois abandonnent. Les stigmates qu’ils ne veulent plus voir.
Dans Huis clos il s’est confronté directement à ces jeunes en formation. Habitué au travail à la chambre Patrick Tourneboeuf s’est lancé dans cet exercice avec le même matériel qu’il utilise pour figer les étendues désertes et les paysages urbains délabrés. Le résultat est souvent excellent, mais pas vraiment adapté aux mouvements rapides qui s’inscrivent sous forme de traces floues sur l’image. C’est un choix délibéré de l’auteur que de les conserver et même d’en faire la couverture du livre, une façon certainement d’inscrire le temps qui passe dans le cycle monotone d’une formation à Querqueville.
La journée commence au petit matin, par un rassemblement au garde à vous sous les néons blafards, au pied d’un immeuble sans âme des années 60. Puis ce sont les déplacements au pas et en petits groupes dans les allées désertes de la base militaire, on remise le fusil et l’on s’apprête pour aller aux cours. La salle de cours est à l’image de l’institution, y sont alignées les fenêtres, les radiateurs, les chaises, les apprentis aussi. Les bérets au pompon rouge sont présents sur toutes les images. L’ustensile est encombrant quand il n’est pas sur la tête. Alors il se retrouve sur les genoux, par terre, dans la main, sur une table, posé sur un flipper de la salle de jeux, sur la banquette d’un bar et à la fin sur la table de nuit de la chambrée. Ce point rouge est le fil conducteur de cette jeunesse en attente d’une seule chose, quitter : ces lieux sans chaleur. Ce livre aurait pu s’intituler l’ennui, malgré tout dans ce huis clos où le hasard n’a pas sa place, Patrick Tourneboeuf a réussi à capter quelques sourires résignés de recrues, une sorte de clin d’œil au temps qui passe.
Huis Clos
Photographe : Patrick Tourneboeuf
Relié : 56 pages
Editeur : Images (20 novembre 2008)
Langue : Français
ISBN-10 : 2849950904
Prix : 28€