Gilles Caron
Photoreporter emblématique de la fin des années 60, Gilles Caron disparaît quelques mois avant ses 31 ans, après avoir été fait prisonnier par des Khmers rouges à Phnom Penh. Aucun ouvrage à propos de ses photos n’a été publié de son vivant. Cet été, Raymond Depardon lui a rendu hommage à l’occasion des rencontres internationales d’Arles 2006.
Sa façon d’être au cœur des évènements qu’il photographie fait penser à Robert Capa. Il arrête le mouvement et saisi en pleine action le lancer de pierre d’un étudiant qui se trouve dans la rue Saint Jaques ou celui d’un manifestant catholique de Londonderry. Il n’y a pas un ouvrage consacré à mai 68 sans qu’une photo de Gilles Caron ne soit présente. Beaucoup de ses images de cette époque ont valeur d’icône comme celle de Daniel Cohen-Bendit face à un CRS devant la Sorbonne, photo qui va faire un mythe du leader étudiant. Cohen-Bendit qui préface l’ouvrage déclare à propos de cette photographie : « C’est elle qui donnera à la révolte de 68 sa dimension gaie et ludique. » et rajoute « Ma mémoire des évènements de 68 est structurée pas ses photos ».
Au cours de ses trois années d’activité professionnelle, Caron est sur tous les fronts. Il couvre les conflits en Israël, au Viêt-Nam, au Biafra, en Irlande du Nord, en Tchécoslovaquie, dans le Tibesti Tchadien. Il croise sur son chemin Don Mc Cullin un autre grand photoreporter avec qui il est en compétition et qui deviendra un ami. Robert Pledge qui est l’auteur d’une des postface de cet ouvrage dit des personnages que Caron prend en photo : « Ils sont vivants. Poings levés, jets de pierres, courses effrénées et cris de guerrier, peurs et râles poignants des victimes, tout vibre, tout bouge. Les morts mêmes viennent seulement de mourir. Leur sang est encore tiède. ».
« Il aimait la vie, il la vivait à 100 à l’heure, comme s’il savait qu’il avait peu de temps à vivre. C’est le meilleur photographe de reportage de cette période, 1967-1970, rapide, toujours le mieux placé. Il savait ce qu’il photographiait, je ne peux mieux dire concernant un reporter d’actualité. C’est surtout un grand photographe. Je regrette que les institutions publiques françaises ne lui donnent pas une vraie reconnaissance, peut-être que c’est encore trop tôt. » Ramond Depardon
Ce numéro de la collection « Photo poche » est une réimpression du volume numéro 73, sorti en 1998 dont les notices ont été mises à jour. Sa parution a été concomitante à l’exposition « Gilles Caron - Don Mc Cullin » présentée en Arles cet été.
Gilles Caron (Photographes)
Daniel Cohn-Bendit, Don McCullin, Robert Pledge (Auteurs)
Broché : 135 pages
Editeur : Actes Sud (1er juillet 2006)
Langue : Français
ISBN : 2742761713
Dimensions (en cm) : 13 x 1 x 19
Prix : 12,80 euros