Edouard Boubat
Tout au long de sa carrière Edouard Boubat s’est efforcé de distiller de la poésie et de la bonne humeur dans ses images. Homme discret et photographe humaniste du 20 ème siècle, il est bien moins connu du grand public que son ami Robert Doisneau. Absent du dictionnaire orthographique de Word, il ne figure pas non plus dans la liste des personnalités du cimetière Montparnasse, où il repose depuis juin 1999. Depuis le début du mois de janvier 2008, la Maison Européenne de la photographie consacre la première grande rétrospective à ce photographe émérite. Cette exposition a été montée à partir du livre que les Editions de la Matinière ont publié en 2004. Cette monographie est le fruit du travail de son fils, Bernard Boubat, peintre, sculpteur puis assistant de son père et de Genièvre Anhoury, qui est cinéaste et photographe.
Né en septembre 1923, ce gamin de Montmartre fait des études de photogravure à l’école Estienne. Il est réquisitionné pendant deux ans pour le STO. En 1945, à la libération de Paris il fait la connaissance de Lella sa muse avec qui il va vivre cinq ans. En 1946, il marque son intérêt pour la photographie et vend ses dictionnaires pour s’acheter un Rolleicord. Il réalise avec cet appareil sa première photo au jardin du Luxembourg, la petite fille aux feuilles mortes. C’est avec cette image qu’il remporte en 1946 le 1er prix Kodak au deuxième salon international de la photographie de la Bibliothèque nationale de France. Sa carrière professionnelle débute en 1951, à la suite d’une exposition à la librairie la Hune. Il avait été invité par Robert Delpire à présenter ses images aux côtés de Doisneau, Brassai, Isis et Faccehetti. Le directeur artistique du magazine Réalités, Bertie Gilou lui laisse alors un mot le jour du vernissage pour l’inviter à le rencontrer. Il va ainsi collaborer à cette revue jusqu’en 1967. Durant ces 16 années, il sillonne le monde en tant que reporter photographe. Ses sujets de prédilection sont les enfants, les travaux des champs, les pêcheurs, ses proches. Il a publié également une série de portraits de personnalités du monde des arts et quelques photos de nu. Au cours des cinq dernières années de sa vie, il se libère de l’appareil photo et se passionne pour la réalisation de photogrammes, pour lesquels il utilise des fleurs.
On ressent dans les années Lella toute l’admiration qu’ Edouad Boubat porte à sa muse, le résultat est là, son portrait de 1947 sur un bateau au large de l’ile de Groix est devenu une icône. Avec son visage de statue antique, ses cheveux aux vents de créature botticellienne, Lella impose sa jeunesse, sa beauté, sa force et sa quiétude. Son regard tourné vers l’horizon est un cadeau offert à Edouard qui est à la recherche permanente du présent. Lella F en empruntant ces mots à Proust, trouve que cette photographie est un peu chargée de la substance transparente de nos minutes les meilleures. Elle nous raconte l’histoire de cette image dont elle est le personnage principal et son étonnement par rapport à la perception que les gens en ont d’un pays à un autre. Les canadiens donnent à la photo transformée en carte postale le titre de Solitude alors que les suédois l’intitulent Liberté. Comme Edouard Boubat se plaisait à le dire La photographie nous montre autre chose que l’image.
Prévert voyait en lui un correspondant de paix. En effet quand on sort de la lecture d’un livre de photo de Boubat on est sur un nuage car il a une capacité incomparable à fixer sur la pellicule des petits instants de bonheur qui peuplent une existence.
Photograghe : Edouard Boubat
Auteurs : Bernard Boubat et Genièvre Anhoury
Relié : 365 pages
Editeur : Editions de la Martinière (1 octobre 2004)
Langue : Français
ISBN-10 : 273243115X
Prix : 75 euros