Dmitri Baltermants, photographe soviétique
Dmitri Baltermants a préféré une carrière de photographe à celle de mathématicien. Il fut photographe populaire mais aussi photographe de propagande. Les soviétiques n’avaient guère le choix des images, aussi des millions de lecteurs de la revue « Ogoniok » découpèrent ses photos pour décorer leur appartement collectif. Il a photographié la guerre, la reconstruction, le développement industriel, des gens heureux et des hommes politiques. Maître du photo montage, il ménageait les susceptibilités en collant ses personnages autour de Staline dont il s’arrangeait pour agrandir la taille.
Cet ouvrage est une coproduction de la Maison européenne de la photographie et de la Maison de la Photo de Moscou. Il se divise en quatre parties :
– Images de guerre Baltermants est dans l’action, il photographie le mouvement des hommes qui partent à l’assaut, qui jettent une grenade, qui manoeuvrent autour des chars, qui creusent des tranchées. Il montre les cadavres de soldats en cours de décomposition, gisant sur les bord des routes, sur les trottoirs. Il montre également les cadavres de civils éparpillés dans la neige. On y voit des enfants le regard vide tourné vers l’objectif, un nourrisson tout emmailloté de blanc dont seul le visage dépasse comme posé sur sa mère. On ne peut rester insensible aux ravages des bombes et des obus qui déchirent les corps, ouvrent des brèches dans les maisons. Dmitri Baltermants met en valeur la force de frappe de l’armée soviétique avec des images qui montrent de très nombreux chars, un armement rutilant, des colonnes interminables de prisonniers allemands.
– La reconstruction et l’industrialisation de l’URSS Hommes et femmes soudent, construisent dans un élan de bonne humeur, de dévotion et de courage, les usines fument tellement elles doivent tourner à plein rendement. Baltermants nous montre également la construction d’un barrage hydroélectrique, des forêts de pylônes électriques. Il élabore un hymne photographique à la puissance industrielle et technologique de l’URSS.
– Des gens heureux Une série datant de 1960 a l’originalité d’être en couleur, les couleurs sont passées. Elles ont le charme des vielles images de cette époque avec cette coloration douce si typique. La série présente des enfants qui jouent, des gens qui achètent des livres, des employées d’un grand magasin qui font une pause au soleil. Il y a aussi des athlètes qui représentent la grandeur du pays à travers le sport. Des images noir et blanc dans le même état d’esprit font voir des enfants dans une école qui exhibent au dessus de leur tête, le dessin de leur habitation. Baltermants réalise aussi des images très graphiques en utilisant la répétition des façades d’immeuble, des sièges d’une salle de spectacle, de peaux qui sèchent au soleil.
– Des hommes politiques Il aura l’occasion de photographier Staline et Khroutchev, Brejnej et Andropov, Tchenrenko et Gorbatchev. Il les immortalise dans des poses symboliques avec ce petit détail qui leur donne un coté humain. L’image la plus inattendue est une photo en couleur de Staline dans son cercueil entouré de fleurs et de plantes, le rouge est dominant, en haut à droite de l’image un halo blanc semble l’appeler. L’ambiance générale, les couleurs passées de l’image donnent à la scène une douceur presque religieuse !
Les photos sont exposées à la Maison européenne de la photographie jusqu’au 4 mai 2005.
Maison Européenne de la Photographie (Editeur)
Dmtri Nikolaiévitch baltermants (Photographe)
Parution : 01/03/2005
26 x 23,5 cm, 176 pages, 165 photos
ISBN : 5 93977 01
Prix : 25 euros