Africa - Sebastião Salgado
En 30 ans Sebastião Salgado a fait 35 reportages en Afrique. Il lui est même arrivé de rester dix-huit mois sur place à l’époque où il était reporter pour des organisations humanitaires. Aussi ce continent tient une place toute particulière dans sa vie. L’Afrique qu’il nous montre est celle des populations qui souffrent, des exodes, des famines, des sècheresses, des guerres, il participe ainsi à illustrer une partie de l’histoire de ce continent. Ce livre est à la fois désespérant et beau.
Désespérant car ce continent, depuis la fin de la colonisation et malgré les richesses minières et pétrolières de son sous-sol, n’a pratiquement pas progressé au niveau économique. Il est pillé sans scrupule par des multinationales et la plupart des chefs d’états qui détournent à leur profit aides et richesses. En 1991, le monde a salué la fin de l’apartheid en Afrique du Sud et son régime politique démocratique. Ce pays est le seul à avoir une économie florissante. Son rang dans les classements internationaux a baissé depuis la fin de l’apartheid pour cause de fuite des capitaux des blancs les plus fortunés et de pandémie de SIDA. L’Afrique reste le continent le plus pauvre du monde. Ce livre n’a pas vocation à couvrir tous les pays du continent. Il est le fruit d’un long travail de reportage qui illustre des évènements plus douloureux les uns des autres et dont les causes sont soit, climatiques, ethniques, politiques ou religieuses.
Cet ouvrage est composé de trois parties : la première traite du sud du continent (Mozambique, le Malawi, l’Angola, le Zimbabwe, l’Afrique du Sud, Namibie), la deuxième de la région des grands lacs (Congo, Rwanda, Burundi, Ouganda, Tanzanie, Kenya), et la troisième de la région sub-saharienne (Burkina Faso, Mali, Soudan, Somalie, Tchad, Mauritanie, Sénégal, Ethiopie).
Ce livre est beau car l’œil que Sebastião Salgado porte sur ceux qu’il photographie est bienveillant. Depuis toujours il a axé son travail sur la dignité de l’Homme. Toutes les photos sont en noir et blanc, ce qui renforce le caractère de gravité des scènes photographiées. Certains lui on reproché de façon puérile, de faire des images esthétiques avec la pauvreté, de rendre trop belle la misère en quelque sorte. Ceux là se trompent de cible, la photographie de Salgado déborde d’humanité et d’humilité. Dans leur composition, ces images sont comparables à des tableaux de maître, on y sent des références bibliques. Les mouvements de populations qui fuient le danger font penser à l’exode. Chaque photo recèle une grande force, bouleverse, c’est le destin d’une vie qui passe à chaque fois devant nos yeux, comme cet homme décharné portant son fil mort dans ses bras, cet enfant dont la maigreur le rend comparable à un fil qui avance dans un paysage d’arbres desséchés, ce bébé qui tète un sein complètement flétri.
Depuis 2004 Sebastião Salgado collabore au projet Genesis, un programme des Nations Unies pour l’Environnement qui prendra fin en 2012. Ainsi on découvrira des photographies de 2005 effectuées dans le cadre de ce projet. Ce sont des images de paysages somptueux et d’animaux de la faune africaine réalisées dans les forêts et montagnes des Virungas. L’objectif est de dresser une sorte d’anthropologie planétaire qui montre la beauté et la fragilité de la terre et de sa nature en explorant et en photographiant des zones vierges, non abîmées par la civilisation. Ce programme milite pour leur préservation et pour la conservation de l’espèce humaine qui va à sa perte si elle ne modifie pas ses comportements autodestructeurs.
Sebastião Salgado, Africa
Texte : Couto, Mia
Relié : 336 pages
Editeur : TASCHEN FRANCE ; Édition : Mul (24 septembre 2007)
Langue : Allemand, Français, Anglais
ISBN : 3822856215
Prix : 49,99 euros